Dès l’âge de 15 ans, Tolkien a commencé à élaborer des langages, bien avant d’écrire les romans dans lesquels ses personnages les utilisent.
Il affirme d’ailleurs ne les avoir écrits que pour avoir un cadre dans lequel utiliser ses langues.
Il appelle sa passion pour les langues son « vice secret », et il y consacrera tellement de temps que ses publications académiques restent peu nombreuses.
S’il considère l’invention d’une langue comme une forme d’art à part entière, il ne conçoit pas qu’elle puisse exister sans avoir une « mythologie » propre, à savoir un ensemble d’histoires et de légendes accompagnant son évolution, comme le montre sa remarque sur l’espéranto, dont il explique le peu de succès par le fait qu’il n’est rattaché à rien.
Tolkien imagine aussi plusieurs systèmes d’écriture pour ses langues : une écriture cursive (les Tengwar de Fëanor) et un alphabet de type runique (les Cirth de Daeron) sont illustrés dans le corps du Seigneur des anneaux. Un troisième système, les sarati de Rúmil, apparaît dans le cadre de la Terre du Milieu, mais Tolkien l’utilise également, à la fin des années 1910, pour écrire son journal.
Ces langages participent à la profondeur de l’œuvre, et font le bonheur des amateurs.
Ils vont évoluer tout au long de la vie de Tolkien, au fur et à mesure qu’il approfondira son apprentissage des langues réelles, et au fur et à mesure du développement de son univers.
Cette évolution des langues est d’ailleurs intégrée à l’évolution de son monde, comme dans le nôtre.
Chaque peuple de la Terre du Milieu dispose d’une ou plusieurs langues, plus ou moins développées, que ce soit pour le vocabulaire, la grammaire, ou l’écriture.
Je remercie le magnifique site Glaemscrafu pour les ressources ci-dessous, et en plus, vous y trouverez des enregistrements de la prononciation.
Les langues les plus connues sont celles des Elfes :
Le quenya
initialement qenya, élaboré dès 1915, avec des influences du latin, du grec, du finnois et des langues germaniques :
Ainsi Frodon salue l’elfe Gildor Inglorion et sa compagnie, en elfique pour leur faire honneur :
Elen síla lúmenn‘ omentielvo
« Une étoile brille sur l’heure de notre rencontre »
Le sindarin
plus influencé par les langues germaniques et le gallois, initié en 1917 :
Ennyn Durin aran Moria : pedo mellon a minno.
Inscription sur les portes de Durin à l’entrée de la Moria :
im Narvi haine chant : Celebrimbor o Eregion, teithant i thiw hin
« Les portes de Durin, seigneur de la Moria, dîtes « ami » et entrez.
Moi, Narvi, je les ai faites : Celebrimbor de Houssaye a gravé ces signes. »
Il en existe d’autres, moins développées pour les elfes.
Le langage des nains :
le khudzul, influencé par les langues sémitiques :
Balin Fundinul, Uzbad Khazad-Dûmu
Inscription de la tombe de Balin dans la Moria
« Balin Fils de Fundin, Seigneur de la Moria »
Les langages des hommes :
l’adûnaic,
d’inspiration légèrement sémitique :
Kadō Zigūrun zabathān unakkha Ēruhīnim dubdam Ugru-dalad
extrait de l’Akallabeth (Sauron defeated)
« Ainsi le Magicien vint humilié, les Enfants d’Eru tombèrent sous l’ombre… »
le westron
ou « langue de l’ouest, parlée aussi par les Hobbits :
« Bilbo Baggins » : Bilba Labingi
« Frodo Baggins » : Maura Labingi
Le Noir Parler
Les Orques utilisent le « Noir Parler », langue forgée par Sauron pour ses créatures :
Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, ash nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul.
Inscription gravée sur l’anneau unique :
« Un Anneau pour les gouverner tous, un Anneau pour les trouver, un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »
La présentation des langues de Tolkien a fait l’objet de sujets de thèses, pour certains étudiants en philologie.
Des linguistes renommés ont également abordé le sujet, comme David Salo :
David Salo (né en 1969) est un linguiste, diplômé de l’université du Wisconsin-Madison.
Il a été contacté pour les films du Seigneur des anneaux et du Hobbit, afin d’écrire tout le matériel en elfique, khuzdul, et autres langues, ainsi que pour tout ce qui y était associé, tels que les inscriptions en tengwar et en cirth. Il a aussi traduit les paroles pour les bandes originales.
En France, l’étude des langues de Tolkien est principalement représentée par l’auteur Édouard Kloczko, dont les deux ouvrages les plus connus sont : le Dictionnaire des langues elfiques : quenya et telerin (1995) et le Dictionnaire des langues des Hobbits, des Nains, des Orques et autres créatures de la Terre du Milieu (2002).
Je conseille une vidéo sur YouTube, fort drôle et très bien documentée, ici :
Et aussi la chaîne YouTube de Arda, excellente et drôle :